Portrait d’Aïssata Kagnassy ::: Quand la détermination amène à l’accomplissement de nos rêves!

Afin de clôturer le Mois de l’histoire des Noirs – février 2020, nous tenons à souligner l’apport des personnes immigrantes afro-descendantes dans notre communauté en Matanie. Pour faire écho à la thématique régionale du Bas-Saint-Laurent « Des histoires qui se rencontrent », nos chemins ont croisé ceux d’Aïssata Kagnassy, étudiante en tourisme au Cégep de Matane, qui nous partage la formidable épopée de sa venue au Québec.

Aïssata en habits traditionnels pour un mariage à Bamako

En 2018, Aïssata Kagnassy quittait sa famille afin de réaliser un rêve qu’elle chérissait depuis sa tendre enfance: voyager au Canada! Et qui plus est, étudier au Québec. La grande aventure commençait au Cégep de Matane. Un an plus tard, forte de sa détermination, elle convint sa sœur jumelle Fatoumata de la rejoindre à Matane en intégrant le programme d’Arts, lettres et communications.

Une enfance imprégnée par la chaleur de toute une famille

Aïssata Kagnassy est née à Bamako, capitale du Mali, dans une grande famille de 14 enfants. Le terme approprié serait d’ailleurs « famille élargie », car sœurs, frères, cousins, cousines, oncles, tantes, nourrices et chauffeurs, en bref tous ceux et celles résidant sous le même toit sont considérés comme membre à part entière de la « famille ». Cette particularité culturelle a imprégné toute l’enfance d’Aïssata. À vrai dire, ce sont sans doute les meilleurs souvenirs qu’elle conserve de sa terre natale et ceux qui ont forgé ses valeurs les plus profondes.

Originaire d’une famille malienne multiethnique, Aïssata habitait une maison familiale traditionnelle qui abritait une grande cour intérieure. Cet espace, placé au cœur de chaque habitation, est synonyme de rassemblement et de lieu de rencontre. On y reçoit la visite, on peut y boire le thé arabe en après-midi, on s’attelle à la préparation des repas en communauté tout en parlant de tissus traditionnels à la mode et bien sûr, on y mange en famille.  Les chambres sont spacieuses et permettent de coucher plusieurs membres de la famille.

« C’est très différent de la France et du Canada! Souvent, à partir de onze ans, les enfants veulent avoir leur propre chambre. Au Mali, peu importe l’âge, on peut dormir à quatre dans une chambre. La vie est super simple. » m’affirme avec sourire Aïssata.

Pour célébrer les événements qui sortent de l’ordinaire tel que les cérémonies de mariage, les familles se réunissent dans de grandes maisons familiales appelées « doubas » où elles passent tout un week-end à fêter les mariés. C’est dans ce cadre convivial, festif, basé sur le partage et le respect des aînés qu’a grandi Aïssata. Malgré la situation politique instable et la corruption présente au sein du pays, elle nous décrit le Mali comme une terre de liberté où il fait bon vivre et où chaque jour est apprécié à sa juste valeur.  

En 2009, Aïssata et sa sœur jumelle quittent, non pas sans regrets, leur pays natal pour rejoindre leur mère installée en France depuis plusieurs années. À cet instant précis, une nouvelle vie commence.

De Bamako à l’Île-de-France, de l’insouciance à la recherche d’excellence

À leur arrivée en France, Aïssata et Fatoumata s’installent avec leur mère et leur frère à Poissy pendant environ quatre à cinq mois. S’en suivent plusieurs déménagements et l’établissement dans la ville de Conflans-Sainte-Honorine, en Île-de-France. Le changement de rythme de vie est radical, le manque de chaleur humaine et l’absence de la grande famille se font vite ressentir. En l’espace de quelques années, Aïssata se focalise essentiellement sur sa réussite scolaire et développe un désir d’exceller dans tout ce qu’elle entreprend. Sa détermination et sa persévérance portent fruit et son succès fait la fierté de sa mère et même de toute une famille restée au Mali.

« Une fois j’ai amené mon bulletin à la maison, ma mère était super contente, elle pleurait presque de joie en voyant mes notes. J’ai surpris ma mère et ma tante restée au Mali en train de parler de moi. Ma mère lui disait : « Je sais que si je venais à mourir maintenant, Aïssata pourrait prendre soin de tous les autres, elle arriverait à tout gérer ». En entendant ça, je me suis dit que je devais continuer dans cette voie et qu’il fallait que j’y arrive coute que coute ».

Aïssata devient progressivement un membre de la famille dont on ne peut se passer en servant notamment d’intermédiaire entre ses parents et leur milieu de travail et en endossant le rôle de « conseillère d’orientation » pour les membres de sa famille. « Je m’occupe encore aujourd’hui des dossiers de demande d’étude en France de mes proches restés au Mali ». Elle s’implique également dans la mission locale de sa ville, organisme qui intervient dans l’insertion socioprofessionnelle des jeunes et devient un modèle de persévérance scolaire dans sa communauté.

On voit se dessiner, peu à peu, le profil d’une future entrepreneure!

En 2018, à la suite d’un parcours scolaire exemplaire, Aïssata obtient une bourse lui donnant l’opportunité de poursuivre ses études supérieures au Canada.

L’aventure matanaise, un retour à la chaleur humaine!

Aïssata arrive à Montréal en août 2018 avec sa mère et son frère et passe proche de la mort! En effet, elle est hospitalisée trois jours à cause de la malaria. L’année scolaire commence sur les chapeaux de roues! Mais cette épreuve n’entrave pas la détermination de notre étudiante et sa soif de découvrir le Québec. Elle participe alors au projet de jumelage interculturel du Service d’accueil des nouveaux arrivants de La Matanie (SANAM) dans le but de s’intégrer au mieux dans la communauté.

« Le jumelage te permet de sortir et de rencontrer du monde. Ma jumelle d’accueil me proposait des activités différentes et variées. J’ai vraiment été enrichie par l’expérience d’Élisabeth, ses voyages et sa vision du monde! Maintenant c’est plus difficile de se voir, mais la relation me manque et son cochon d’Inde Pumba aussi ! »

Aïssata se reconnait un peu plus dans la culture québécoise. « Le Québec, Matane c’est un monde à part! Ça n’a rien à voir avec la France. Les gens sont super gentils et ne vont pas hésiter à te dire bonjour dans la rue! J’ai l’impression que tisser des liens avec les autres, c’est important! ».

Pour le futur, Aïssata aimerait créer une agence spécialisée dans le tourisme en Afrique avec, pourquoi pas, un partenariat avec le Québec!

En attendant, Aïssata se plait beaucoup à Matane!

Aïssata, nous te souhaitons une belle réussite dans tes projets! Merci d’enrichir notre communauté par ton apport culturel! Il est certain que tu seras une ambassadrice de Matane, peu importe où les vents de la vie te mèneront!